Ce qui est passé n’est pas passé

Le monde ne change pas. Ce qui est passé n’est pas passé. Ce qui est passé est notre présent et notre futur. Il est notre boussole et constitue des taches indélébiles dans notre mémoire, sur notre corps. Le passé est dans chacun des actes que nous posons. Il nous guide. Il nous conseille.

Le pays a été totalement paralysé au cours de ses onze dernières années. Ce que nous avons vécu à des niveaux divers fonctionne comme les freins d’un vieux camion de transport de sable. On aura beau parfois appuyer à fond sur la pédale, le véhicule avance. La charge est trop lourde. Le circuit de freinage est mal entretenu. Le conducteur porte en lui des souffrances : sa mère est malade. Ses enfants ne trouvent pas d’emploi. Sa maison est détruite…

C’est une manière d’expliquer que Les lourdeurs d’hier, déséquilibrent notre quotidien. En théorie, on répète à satiété que le passé est dépassé. En réalité le passé est un poison inoculé en nous. Nous ne pouvons  rien contre. Si tel n’était pas le cas, à quoi servirait la commémoration depuis 2000 ans de la résurrection et du retour triomphal de Jésus à Jérusalem, le dimanche des rameaux ? On peut se dire : « Jésus est mort, laissons tomber cette affaire ! ». Non. Chaque catholique continue de fêter ce temps extraordinaire de la résurrection.

Cela étant, nous pouvons réduire l’effet nocif du poison qui est en nous. Faire l’effort d’avancer avec nos lourdeurs. Considérer le passé comme un vaccin bienfaisant.

 Cela est possible, si ceux qui portent le mal comme un trophée,  se remettent cause, en posant de manière concrète des actes d’apaisement : «  Voici ma main.  J’ai changé. Je n’ai ni Kalache ni machette. N’aie plus peur de moi. Je ne te ferai plus aucun mal » ?

Chacun de nous attend ce renversement de valeur du côté de ceux qui ont laissé des traces…

Le premier acte de ce renversement de valeur est l’acceptation du retour du président Laurent Gbagbo sur la terre de ses ancêtres.

Ano Nianzou

www.anonianzou.com

Photo faite à Konanhiri en 2010. Texte et image de Ano Nianzou

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