La vie à l’intérieur du blocus

Effectivement le blocus a été levé chez Henri Konan Bédié et Assoa Adou. Nous avons fait un tour devant les habitations. Les forces de l’ordre ne sont plus présentes. Les véhicules circulent normalement. Les familles victimes du blocus reçoivent des visites. Une mère coincée avec sa famille durant plusieurs jours parle de ce temps difficile qui est tombé sur sa maison de manière inattendue:” La veille, aux environs de 22 heures, j’étais dans ma chambre et j’ai entendu des explosions dans ma cour. On ne pouvait plus respirer. L’air piquait les yeux , les narines brûlaient. En fait je m’étais rendue compte par le suite que des personnes , roulant à tombeau ouvert dans la ruelle avaient lancé des bombes lacrymogènes et tiré des coups de feu sur notre demeure. Des douilles ramassées dans la cour attestaient la violence de l’opération. Je ne puis dire qui a fait cela. Dieu merci, il n’y a pas eu de blessé. Cela s’est passé dans la nuit du mardi 10 novembre. Le mercredi les choses sont allées très vite. J’étais dans ma chambre lorsque les forces de l’ordre en grand nombre ont pris position tout autour de la maison. C’était la panique non seulement chez nous mais dans tout le quartier. Des cargos et des véhicules 4/4 stationnés le long de la rue. Des policiers tenant des kalashnikovs, positionnés à chaque 20 m. C’étaient les voisins traumatisés qui nous appelaient pour décrire l’ambiance dehors. Le chef de l’opération a frappé à la porte .Selon lui, il avait reçu l’ordre de fouiller la maison. Je lui ai demandé s’il avait un document l’autorisant à faire des perquisitions. Il n’en disposait pas. Mais il a fait son travail. Il a demandé que la famille se regroupe dans un coin de la maison. Nous nous sommes regroupés. Certains de ses éléments sont entrés dans le salon, les chambres, les toilettes , la cuisine. Les jours qui ont suivi, un membre de la troupe rentrait dans la maison, vérifiait si mon mari était là. Nous n’avons pas été violentés. Les épouses des hommes politiques ont une vie difficile. La violence s’exerce à la fois sur nos maris , nos enfants, nos parents et sur nous-mêmes. Nous passons une grande partie de notre vie aux portes des prisons pour soutenir nos époux, leur transporter de la nourriture tous les jours, Souvent ils ont besoin d’un minimum de confort. Heureusement que Dieu est grand et nous soutient dans l’épreuve.”

Le blocus est levé. Les familles tentent du mieux qu’elles peuvent de reprendre une vie normale. Mais cette vie entre la peur et l’espérance va durer combien de temps dans un pays en guerre où l’on ne trouve pas de médiateur ? Ano Nianzou

Couper une tête et jouer au foot avec…

C’est trop triste cette cette image qui montre les milices du président sortant en train de jouer au foot avec la tête de la personne qu’elles ont décapitée. Elle me fait penser aux vidéos de la résidence lors de l’attaque de la demeure du président Laurent Gbagbo en avril 2011. Après avoir exécuté le soldat en faction, l’auteur du crime a frappé du pied le corps de la victime en poussant un hurlement de joie: ” Je t’ai baisé”. Au commencement et à la fin du règne du président sortant, le combat politique a été une succession de drames qui prennent la forme d’assassinats de masse, d’arrestations de masse, de fausses communes de masse, de départs en exil de masse. Un moment où la parole donnée n’est jamais tenue. Une période où le plus fort ne négocie jamais avec le plus faible. La force, les armes , les tueries. Regardez ce qui se passe à M’batto où plus d’une trentaine de jeunes opposants au 3ème mandat ont été exécutés à la machette et à la kalashnikov du lundi 9 au mardi 10 novembre 2020. cela nous ramène aux souvenirs douloureux des massacres du peuple WE à l’ouest de la Côte D’Ivoire en 2010/ 2011. Même RFI, la radio française , s’exprimant sur la situation de guerre qui prévaut en Côte D’Ivoire en ce moment, verse des larmes de crocodile en pointant du doigt les violences qui selon le HCR de l’ONU ont provoqué l’exode de 8000 Ivoiriens, contre 3200, il y a une semaine: 7500 vers le Liberia, 500 au Ghana…”. La Côte D’Ivoire est en guerre. Une guerre qui prend des tournures dangereuses. On ne parle plus de démocratie, encore moins de loi. Une sale guerre ethnique et tribale qui pointe à l’horizon. Union de prière pour une Côte D’Ivoire qui plonge dans la guerre tribale et qui ne trouve pas de médiateur. Ano Nianzou, Journaliste, écrivain .Post du mercredi 11 novembre 2020

Le vehicule de particuliers pris au piège des manifestations et mis à feu. Les massacres des populations à grande échèle comme à M’batto où l’on a recensé à la morgue plus de 35 morts . Les arrestations fleuves. Les départ en exil…C’est la Côte D’Ivoire plongée dans le drame du troisième mandat du président sortant
Marchés fermés, magasins et petit commerces fermés, les voies barrées par des troncs d’arbres. Arrestations massives ; c’est hélas l’image au quotidien d’une Côte D’Ivoire plongée dans la guerre et qui ne trouve pas de mlédiateur
Je vous partage ces images par amour pour mon pays. Je n’en ai pas d’autres où aller me réfugier. Dans tous les cas, je n’ai pas le moindre centime pour vivre en exil. Alors, je reste et chaque jour qui passe ,tout se dégrade autour de moi avec l’arrestation de personnes qui me sont proches. Peut être que mon tour viendra afin que je ne puisse plus m’exprimer; faire des photos; parler du drame dans lequel, le pays que Dieu m’a offert, est plongé. Ano Nianzou

Les ravages du troisième mandat

Les effets néfastes du troisième mandat ont pu être observés à Anono. Affrontements entre policiers et manifestants. Tirs de bombes lacrymogènes, chasse à l’homme dans les ruelles du quartier . Barrage des voies avec des pneus et tables enflammées. Il y eu des blessés dont une fillette, transportée au dispensaire d’Anono et des arrestations. Les magasins et le marché étaient fermés. Les manifestations débutées dans la matinée se sont achevées aux environs de 16h. Union de prière pour une Côte D’Ivoire en guerre et qui ne trouve pas de manifestants. Textes, photos et vidéos Ano Nianzou

Des véhicules calcinés d’une manifestation à l’autre, des pneus, des pierres et des briques qui barrent les routes. C’est l’image d’une Côte D’Ivoire en guerre. Photos et textes Ano Nianzou
Le petit commerce ne rapporte pas grand chose. Mais il permet à une famille de couvrir ses besoins élémentaires .Malheureusement la guerre est arrivée, obligeant les propriétaires à baisser les grilles Photos er textes Ano Nianzou
Magasins fermés, rues désertées ; c’est le visage d’Anono le lundi 9 novembre 2020. Photos et textes Ano Nianzou,

La Côte D’Ivoire s’enfonce dans la guerre.

La décision prise par Alassane Dramane Ouattara de faire le blocus de Bédié et de bon nombre de leaders de l’opposition tels que Assoa Adou, Pascal Affi N’guessan est une erreur politique grave. Cette action violente aura des conséquences imprévisibles sur la Côte D’Ivoire dans les semaines qui viennent.

Au niveau de la paix. On ne peux pas espérer vivre dans la paix et dans la réconciliation, lorsque tous les modèles et référents politiques d’une république sont en prison ou en exil. C’est exactement comme si le chef de l’état achetait des citernes de produits inflammables avec des cartons d’allumettes qu’il distribuait de cour en cour. Assurément le feu va prendre dans une cour , puis dans l’autre et ainsi de suite.

Au niveau économique, c’est exactement comme si le chef de l’état détruisait tous les points stratégiques qui produisent emplois richesses et nourriture: les entreprises ferment. Le chômage bat tous les records. Les banques trainent le pas pour payer les chèques des clients. Elles se barricadent. Les produits vivriers ne parviennent plus sur les marchés. Et quand après mille et détours y arrivent, les prix sont inabordables.

Au niveau touristique, les zones balnéaires sont désertées. A Tabou, Sans Pédro, Bassam , Assinie, les propriétaires ont mis le personnel au chômage technique ou tout simplement fermé.

Au niveau santé et scolaire. Beaucoup de malades perdent la vie parceque les ambulances ne peuvent pas circuler d’une ville à l’autre. Surtout les médicaments manquent et quand ils existent les prix augmentent. Que dire de l’école? La rentrée scolaire qui devait avoir lieu le lundi 9 novembre est reportée au 16 novembre 2020.

Où est la gloire d’un chef d’état qui dirige” un pays mort” ?

Ano Nianzou.Union de prière pour un pays en guerre qui ne trouve pas de médiateur.

Ado n’a aucune chance

Je suis revenu sur les images de la visite du président Wade à Abidjan. Bien souvent nos chefs d’état n’ont pas de culture politique. Ils pensent, une fois au sommet de l’état, que tout leur est permis et qu’ils peuvent rester au pouvoir aussi longtemps qu’ils le souhaitent en alignant les mandats les uns après les autres. Ils ne se rendent pas compte qu’ils ont échoué. Ils n’écoutent pas les clameurs de colère et de souffrances des populations. Ils sont totalement aveugles et sourds. Pour rester au pouvoir ils avancent tête basse en détruisant toute vie sur leur passage. Qui se souvient des prouesses économiques de Blaise Compaoré ? Lorsqu’il s’est rendu compte que ses boulons étaient rouillés… le peuples était assis dans son salon ! Il a quitté le pays qu’il avait dirigé pendant 27 ans comme un voleur de poulet pourchassé par le propriétaire du poulet. Le président Wade était aussi dans cette logique de confiscation du pouvoir en manipulant la constitution de son pays. Après deux mandats 2000 et 2007 il se présente à un troisième en 2012. Il est “tombé” aux oubliettes. Présentement, les troisièmes mandats sont un enfer pour ceux qui s’y aventurent. Alassane Dramane Ouattara n’a aucune chance de réussir à s’installer pour la troisième fois dans le fauteuil présidentiel . Tout simplement, l’on ne peut gouverner un pays sur lequel l’on a aucune emprise. Où chaque personne dans la rue t’insulte et te traite “de menteur” de “violent” de “bourreau” des économiquement faibles. Franchement si j’étais à la place de Ado je prendrais ma famille pour aller tranquillement à Mougins pour éviter l’humiliation qui frappe les présidents qui s’éternisent au pouvoir par un troisième mandat. Ano Nianzou

Le troisième mandat n’a pas arrangé Wade
On ne peux pas faire confiance aux généraux pour rester au pouvoir. Ils ont souvent des réactions surprenantes
Une prière pour maître Bailly(lunettes noires au centre). Depuis avril 2011, il est en prison. Sa faute: il faisait partie de la garde rapprochée du président Laurent Gbagbo
“Le temps passé ne s’oublie jamais” dit la chanson
Un président est toujours applaudi, adulé , chanté…Tout cela n’est que façade.

Retour aux arrestations de masse

Une maman qui cherche son époux enlevé lors de l’arrestation de masse qui a eu lieu au domicile du président Bédié. Elle m’explique: “Je me suis rendue à la DST pour voir mon époux, N’dri Narcisse, directeur de cabinet du président Bédié. On m’a informée qu’il y était . J’ai pris ses médicaments , de la nourriture et quelques vêtements pour les lui remettre. Il n’était pas sur les listes des personnes détenues dans les cellules là-bas. On m’a orienté à la préfecture d’Abobo. Même déception. Je ne l’ai pas retrouvé. Je suis saisie par l’angoisse et l’inquiétude.” Depuis le début de la crise le nombre des personnes arrêtées lors des manifestations a atteint un niveau record. 400 arrestations ? 700 ? 1000 ? Nul ne peut vous donner un chiffre exact. Nul ne peut vous dire où elles sont incarcérées. De quoi se nourrissent-elles ? Comment se soignent-elles. A quelle porte frapper pour leur rendre visites? Pis aucun avocat n’a accès à ces personnes arrêtées dans des conditions rocambolesques! Nous sommes exactement dans le contexte de la crise de 2011, lorsque les rebelles soutenus par l’armée française sont devenus les hommes forts à Abidjan. Les arrestations se faisaient à la pelle. Chaque faction rebelle avait” sa prison” soit dans une cour commune à Abobo chez le commandant Ferey par exemple, soit dans une forêt soit dans un bâtiment administratif. Très peu de ces prisonniers” clandestins” ont survécu à ses tragiques moments. Si le pouvoir se laisse aller dans le sens des arrestations massives et abusives comme en 2011, la Côte d’Ivoire court vers une catastrophe. Il est donc impératif que les organisations humanitaires et la communauté internationale ouvrent les yeux sur le sujet pour convaincre les hommes du pouvoir au respect des droits humains. Ano Nianzou

La gestapo

Il est bon de faire une relecture de l’histoire. Le mot gestapo fait peur.. Elle a été un outil de répression pour imposer le régime Nazi . Elle arrive chez vous , vous arrête et vous embarque dans un lieu inconnu. Les responsables de cette police ont été arrêtés et jugés à la chute d’Hitler. Que ceux qui sont au pouvoir et qui adhèrent aux pratiques dignes de la gestapo se ressaisissent. Le pouvoir passe. Le pays reste. Il ne sert à rien de se rendre dans les familles avec des véhicules de guerre, des armes de guerre, des casques de guerre, des tenues qui font penser aux sorciers et aux diables pour terroriser vieillards , femmes enfants et petits enfants. Parce que tout le cinéma, toute la violence , la peur que l’on inflige aux autres, s’arrêtent un jour. Vous voilà tout seul à vous cacher le visage et à longer les murs car vous vous êtes comportés en gestapo un moment de votre vie. Tout ce que le pouvoir en place inflige aux populations , n’est pas digne d’une démocratie, d’un pays de lois. Pourquoi tant de violences? Comment peut-on s’introduire à la résidence d’une personne âgée, l’humilier , le traumatiser parce qu’il ne partage votre avis ? Comment peut-on encercler des familles entières parce que le chef de famille est d’un bord politique diffèrent du votre ?

Trop c’est trop. Les présidents africains doivent se ressaisir et apprendre à aimer et à respecter ceux qui ne pensent pas comme eux , ceux qui ne mangent pas à la même table qu’eux, ceux qui ne parlent pas la même langue qu’eux.

Images d’archive et textes de Ano Nianzou

Laurent Gbagbo dans tout son cheminement politique a été pour le dialogue. Il ne rejette pas parceque vous ne partagez pas les mêmes principes
Abdourahmane Sangaré et Affi N’guessan lors de l’accueil du président Wade. Ce dernier a voulu s’éterniser au pouvoir. Vous connaissez la suite.
Cet homme était l’un des cerveaux de la rébellion. Cependant Laurent Gbagbo l’accueillait à bras ouverts. Soro lui-même a fait des témoignages sur la qualité de ses rapports avec le président Laurent Gbagbo